SNUS : un traitement médiatique injustement alarmiste

SNUS : un traitement médiatique injustement alarmiste

Dangereux pour la santé”, “hautement addictif”, “provoque des malaises”, “cause de nombreux cancers”, “nouvelle drogue des jeunes”. Non, ces titres d’articles de presse ne parlent pas d’une drogue responsable de milliers de morts, mais bien du snus. Depuis quelques mois, le snus et les sachets nicotinés subissent un acharnement médiatique, après avoir été vu dans les mains d’un célèbre footballeur. Entre fausses informations, méconnaissance du sujet et traitement alarmiste, récit d’une campagne de dénigrement. 

Un emballement médiatique

Tout commence lors de la coupe du monde. Dans l’avion qui mène les Bleus au Qatar, l’attaquant français Marcus Thuram est vu avec une petite boîte en métal, qui ressemble fortement à du snus. La photo fait le tour des réseaux sociaux, remettant ce produit sur le devant de la scène. 

Les médias s'interrogent : “quel est ce tabac en sachet ?”. Le snus est très vite qualifié d’illégal (c’est vrai, si c’est sous sa forme traditionnelle qui comporte du tabac, mais rien n’indique que c’est ce produit que consommait Marc Thuram). Les articles parus sont majoritairement à charge, taxant le snus de cancérigène et hautement addictif. 
Des témoignages alarmistes de lycéens s’étant sentis mal après avoir consommé du snus acheté sous le manteau inquiètent les lecteurs de la presse. Cancer, trous dans les gencives, illégalité : les mots qui font peur sont lâchés, sous couvert de prévention sanitaire. 

En quelques jours, la sphère médiatique s’est emballée autour du snus, cependant de nombreuses informations inexactes circulent. Un buzz qui ne prend pas en compte les effets positifs que peut avoir ce produit, notamment dans la lutte contre le tabagisme qui fait plus de 75 000 morts par an en France. 

Une méconnaissance générale du produit 

Tout d’abord, les médias semblent confondre le snus et les sachets nicotinés. L’un est un produit traditionnel des pays scandinaves, consommé depuis des centaines d’années. Il contient du tabac, toutefois celui-ci est beaucoup moins nocif lorsqu’il est ingéré de cette manière - on place le sachet dans la bouche, entre la lèvre et la gencive - que lorsqu’il est fumé dans une cigarette, un cigare ou une chicha. Ce produit est interdit dans l’Union européenne, à l’exception de la Suède, depuis 1992, il est donc juste de le qualifier d'illégal. 

Les sachets nicotinés, aussi appelés nicotines pouches ou white snus, se consomment de la même manière, mais ils ne contiennent pas de tabac. Ils sont composés seulement de nicotine pure - la même que celle des liquides à vapoter - de fibres végétales et d'arômes. Ne contenant aucune trace de tabac, ils sont en vente libre, sur internet comme sur monsnus.com, mais aussi dans certains magasins de vape. 

La plupart des articles publiés mélangent ces deux produits pourtant très différents et, dans tous les cas, moins nocifs que la cigarette. 

Des arguments sanitaires approximatifs 

Le snus serait la cause de nombreux cancers, “de la bouche, de l'œsophage, de l’estomac, du rectum et même du pancréas”, indique la presse. 
Les utilisateurs de snus “perdent leurs dents et ont les gencives qui se rétractent”, peut-on également lire dans les articles sur le sujet. Enfin, le snus rendrait les utilisateurs hautement dépendants, en particulier les jeunes. 

On le rappelle, le snus, qu’il soit à base de tabac ou sans tabac (white snus, un produit sans nicotine) est beaucoup moins dangereux que la cigarette, qui, elle, est responsable d’au moins 6 millions de morts dans le monde chaque année. 

Les pays où le snus est consommé depuis longtemps, à l’instar de la Suède, de la Norvège et de la Finlande, font partie des pays où l’on fume le moins. Le nombre de cancers liés au tabac (poumons, gorge) est parmi les plus bas au monde. Il n’existe aucune étude qui établit de manière certaine un lien entre consommation de snus et cancer. Certes, il n’y a pas de risque zéro de consommer du snus, celui comportant du tabac pouvant, par exemple, jaunir les dents et donner mauvaise haleine. Mais sa commercialisation est de toute façon interdite en France. Mais ce que la presse n’évoque pas, c’est que le snus joue un rôle considérable en matière de réduction des risques chez les fumeurs. 

Le snus, qu'il soit composé de tabac ou pas, contient de la nicotine. Une substance nécessaire pour l’arrêt du tabac - les fumeurs qui tentent d’arrêter sans substitut nicotinique n’ont que 6 % de chance d’y parvenir. Si la nicotine entraîne une dépendance, c’est beaucoup moins le cas lorsqu’elle est consommée dans du snus qu’avec une cigarette. 

Concernant les problèmes bucco-dentaires, lorsque l'on place toujours le produit
au même endroit entre la lèvre et la gencive, on pourra avec les sachets nicotinés constater une légère rétractation de la gencive. Cela peut être gênant pour une personne ayant des problèmes de gencives ou une tendance au déchaussement des dents. Mais pour la plupart des utilisateurs, ce ne sera pas un problème majeur.

Les effets des sachets nicotinés
Un article qui permet de comprendre les aspects positifs et les précautions à prendre.